Objectif zéro émission : quelles étapes pour décarboner progressivement votre flotte ?

Face à des contraintes réglementaires de plus en plus strictes et à la demande croissante pour des solutions durables, réduire les émissions générées par leur flotte devient une priorité pour les entreprises. Cette transition se fait progressivement, avec un plan clair et adapté aux besoins de chacune.

Comment amorcer cette transition ? Quelles étapes clés à respecter pour engager durablement sa flotte vers l’objectif zéro émission ?

1 - Réaliser un audit des usages

La première étape consiste à bien comprendre les besoins des conducteurs et l’usage réel des véhicules. Avant de repenser les motorisations, il est essentiel d’établir un diagnostic précis : quels sont les types de trajets effectués ? Quelles est la zone de circulation ? Quelle est la distance moyenne parcourue ? Quel est le niveau d’accès du conducteur aux infrastructures de recharge ?

Cette analyse permet de repérer les véhicules aisément électrifiables et ceux qui devront passer par une phase transitoire. Elle peut aussi mettre en évidence des leviers d’optimisation, comme le partage ou la rationalisation des véhicules, afin d’optimiser leur utilisation.

2 - Définir des objectifs progressifs 

Décarboner une flotte ne signifie pas passer du jour au lendemain à une motorisation 100 % électrique. Chaque entreprise doit avancer à son propre rythme en tenant compte de ses usages, de ses contraintes opérationnelles et de son niveau de maturité. L’enjeu est de construire une trajectoire claire, avec des objectifs intermédiaires atteignables et alignés avec la stratégie RSE de l’entreprise.

Les jalons fiscaux et réglementaires, comme ceux fixés par la loi d’orientation des mobilités (LOM), peuvent aider à structurer efficacement cette trajectoire : augmentation progressive de la part de véhicules à faibles émissions d’ici 2026, réduction des émissions moyennes de CO₂ à horizon 2030, etc..

3 - Choisir les modèles adaptés

Les véhicules électriques permettent aujourd’hui d’effectuer la majorité des trajets : l’autonomie moyenne constatée est de 400 km et de nouveaux modèles offrant une autonomie WLTP supérieure à 800 km arrivent sur le marché. En parallèle, les infrastructures de recharge se développent massivement : plus de 177 000 bornes sont disponibles sur le domaine public* (soit 21% de plus qu’il y a 1 an).

 Et plus de 2,4 millions de points de charge sont déployés en résidentiel et sur les sites d’entreprise.**

Pour le gestionnaire de flotte, il va donc s’agir de proposer à ses conducteurs des modèles électriques compatibles avec leurs besoins : 

• Choix du modèle : le véhicule est-il destiné à transporter des personnes ? Des marchandises ? Du matériel ? Est-il préférable de choisir un véhicule particulier ou un utilitaire ? De s’orienter vers une citadine, une berline, un break ou un SUV ? Le volume de chargement, le nombre de places, les équipements embarqués ou le confort peuvent aussi influencer le choix.
• Capacité de la batterie : l’autonomie est-elle suffisante pour couvrir les trajets quotidiens habituels ? Il est inutile de viser 500 km d’autonomie si le conducteur ne parcourt que 40 km par jour.
• Type de recharge nécessaire : le véhicule pourra-t-il se recharger la nuit à domicile ? Sur le parking de l’entreprise ? À proximité des lieux de mission ? Une recharge standard (AC) suffit-elle, ou faut-il pouvoir accéder à une recharge rapide ou ultra-rapide (DC) pour assurer la continuité de l’’activité ?

4 - Simplifier l’accès aux infrastructures de recharge

Accompagner la transition vers la mobilité électrique ne se limite pas au choix du véhicule. Pour garantir une expérience fluide et positive, il est essentiel de mettre à la disposition des conducteurs des services pratiques et des solutions adaptées à leurs besoins :

• Carte multi-énergies : compatible avec plusieurs réseaux de recharge, elle permet aux conducteurs de régler leurs recharges en toute simplicité. Pour l’entreprise, elle assure une gestion centralisée, une facturation consolidée et un meilleur suivi des dépenses énergétiques.
• Recharge au travail : en installant des points de recharge sur le site de l’entreprise, l’entreprise démontre son engagement en faveur de la transition écologique et de la mobilité durable. À la clé : réduction de l’empreinte carbone, amélioration de l’image de marque, fidélisation du personnel et optimisation des coûts de recharge.
• Recharge à domicile : des aides existent pour accompagner l’installation de bornes de recharge au domicile des salariés par leur entreprise (baisse des cotisations et contributions sociales, avantage en nature plus avantageux).

5 - Accompagner les conducteurs 

Passer à une motorisation électrique représente un véritable changement pour les conducteurs habitués aux véhicules thermiques. Autonomie, recharge, conduite, gestion des longs trajets soulèvent parfois des inquiétudes.

Il est donc capital d’associer les conducteurs à ce changement. Plusieurs leviers peuvent être actionnés :

• Formations à la conduite électrique et à l’éco-conduite, en situation réelle et/ou en e-learning avec des organismes spécialisés. Mise à disposition de supports, rappels réguliers.
• Modification de la car-policy permettant d’accéder à des véhicules électriques plus haut de gamme ou mieux équipés que leur équivalent thermique
• Essais de véhicules électriques pendant quelques jours. Cela permet aux collaborateurs de tester l’autonomie, les temps de recharge, le confort de conduite ou encore les fonctionnalités embarquées, et ainsi de se projeter plus sereinement dans ce nouveau mode de mobilité.

Enfin, n’hésitez pas à identifier parmi vos équipes les utilisateurs convaincus dès les premières phases du déploiement. Ils peuvent jouer un rôle essentiel d’ambassadeurs internes en partageant leurs retours d’expérience, en rassurant leurs collègues et en contribuant à créer une dynamique collective positive autour de l’électrification de la flotte.

5 - Piloter, mesurer et ajuster en continu

La décarbonation d’une flotte s’inscrit dans une démarche évolutive. Les réglementations évoluent, les technologies progressent, les usages internes changent. Il est donc indispensable de mettre en place un pilotage dynamique de l’électrification, de suivre le taux d’émissions de CO₂, et de fixer des objectifs pour leur réduction. 

Cette logique d’amélioration continue permet d’ajuster les décisions, de capitaliser sur les retours d’expérience et de s’adapter aux évolutions à venir. En adoptant une approche agile, l’entreprise fait de la mobilité un levier stratégique pleinement aligné sur ses ambitions économiques, sociales et environnementales.

* https://www.avere-france.org/publication/barometre-177-180-points-de-recharge-ouverts-au-public-fin-aout-2025/

* https://observatoire.enedis.fr/mobilitedurable