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Renault 5 Prototype : des racines et des watts
Attendue en 2023, la nouvelle Renault 5 incarne le futur électrique de la marque. Conçue à partir du modèle iconique des années 70, est-elle destinée au même succès ?
Renault 5 série 1 : L’âme d’un constructeur.
La Renault 5, apparue en 1972, doit beaucoup aux valeurs qui ont influencé la France de Mai 68. Anticonformiste et en rupture avec ses concurrentes, elle rencontre un grand succès avec plus de cinq millions et demi d’unités produites jusqu’en 1985.
La demande croissante d’une seconde voiture au sein du foyer contribue largement à ce succès. Le développement des zones périphériques de nos villes, l'allongement des parcours domicile-travail justifie l’offre d’un véhicule polyvalent, urbain et routier en même temps, confortable, rapide, et permettant de transporter quatre personnes et leurs bagages. Le 29 janvier 1972, Daniel Clavaud écrit pour Le Monde : « Puisqu’on ne peut détruire la cité pour l’adapter à l’automobile, il faut bien, autant que faire se peut, adapter l’automobile à la cité. »
Pratique, moderne mais aussi élégante, la Renault 5 offre un alliage de caractéristiques unique en 1972 : un capot court, un hayon, de larges portes latérales sans poignées apparentes, de grandes surfaces vitrées, des pare-chocs en polyester adaptés aux aléas du stationnement en ville composent une ligne qui fait l’unanimité.
A l’intérieur aussi, La Renault 5 adopte un style jeune et moderne, à l'opposé des voitures statutaires. Les couleurs choisies sont éclatantes : vert, orange, rouge... L’utilisation du plastique est assumée et on ne cherche plus à imiter le cuir.
Côté technique, la Renault 5 ne fait pas de révolution et emprunte des principes (comme la traction avant) et des mécaniques à d’autres modèles du constructeur (Renault 4L). Intuition ou chance : ces choix raisonnables se révèleront adaptés à la crise pétrolière qui s’annonce.
Côté communication, Renault a su cultiver une forme de complicité. En s’appuyant sur une bande dessinée, la publicité de lancement de la Renault 5 est aussi innovante que la voiture elle-même.
Supercinq : Plus cinq que la 5.
Cette icône est remplacée en 1984 par la Supercinq qui reprend les recettes du succès de son ainée.
Mais si elle en conserve la silhouette, elle ne partage aucun élément de carrosserie avec elle.
Les principales évolutions sont technologiques, ce qui lui permet de devenir plus performante, plus agréable et plus sûre :
- L'ensemble moteur-boîte de vitesses est disposé transversalement. Cette modification permet de réduire l'espace du compartiment moteur et profite à l'espace de l’habitacle.
- De nouveaux trains roulants modernes type Mac Pherson sont installés à l’avant. A l’arrière, le repositionnement des amortisseurs libère de la place dans le coffre.
- Les mécaniques et leurs puissances progressent pour atteindre 120cv sur la Supercinq GT Turbo, bien armée pour concurrencer les Peugeot 205 GTI et Volkswagen Golf GTI.
La Supercinq sera produite à près de 3,5 millions d’exemplaires jusqu’en 1996.
Renault 5 Prototype : Une filiation revendiquée
En pleine « Renaulution », le constructeur français a aujourd’hui besoin d’un marqueur fort et choisit pour cela la nouvelle Renault 5. Cette stratégie peut sembler contradictoire : pour signifier son passage dans l’ère électrique, la marque ressuscite son passé. Luca de Meo, président de Renault le justifie : « L’âme d’un constructeur est dans ses racines ». Il n’est pas novice en la matière, puisqu’en 2007, alors chez Fiat, il a su orchestrer le re-lancement d’une autre icône : la Fiat 500.
Du point de vue des designers, transposer les lignes d’une voiture existante est plus complexe que d’en concevoir une nouvelle à partir d’une feuille blanche.
François Leboine, directeur Design Concept et Show-cars chez Renault détaille la démarche : Les équipes se sont d’abord imprégnées de l’ambiance des années 1970 avec des documents d’origine et un véhicule prêté par Renault Classic. Ils sont ensuite passés au croquis sur papier pour capter les proportions. Puis ils ont opéré un « glissement », consistant à mixer le travail antérieur avec les codes d’aujourd’hui. Ils traitent enfin les détails en s’inspirant des univers les plus avancés tels que l’aéronautique, l’architecture, le design produit et l’électronique.
« Il était vraiment important que la Renault 5 Prototype ne soit pas seulement une copie servile du passé, mais un véhicule qui contienne les éléments du futur. »
Positionnement
La Renault 5 Prototype n’est pas qu’un exercice de style. Elle est destinée à remplacer la ZOE en 2023-2024. Avec 3,96 m en longueur, elle affiche 44 cm de plus que la première Renault 5 (3,52 m) et se situe à mi-chemin entre la Twingo (3,61 m) et la Renault ZOE (4,08 m). Le modèle définitif devrait conserver ces proportions.
Renault confirme que son futur modèle sera conçu sur la plateforme CMF-B EV, dérivée de celle du Captur. A ce stade, Renault ne donne pas de précisions sur la motorisation et l’autonomie, mais l’on peut s’attendre à des capacités légèrement supérieures à celle de la ZOE actuelle. La nouvelle Renault 5 électrique sera assemblée à Douai dans le Nord. Le tarif des versions d’entrée de gamme pourrait rester sous la barre des 20 000 €.
Renault pourrait bien réussir son pari : la R5 électrique prototype fait le buzz et la cote en collection du modèle historique s’envole.