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Véhicules autonomes dans les flottes : pour aujourd’hui ou pour demain ?

Les véhicules autonomes suscitent depuis plusieurs années de grandes promesses de transformation, mais leur arrivée sur nos routes et leur intégration au sein des flottes d’entreprise relèvent encore du défi opérationnel. Pourtant, la question n’est plus de savoir si ces technologies s’imposeront, mais bien quand et sous quelles conditions elles deviendront une réalité à prendre en considération par les gestionnaires de parc.
Une technologie en progression… mais encore encadrée
Dans le monde - Les véhicules autonomes ne relèvent plus de la science-fiction : à San Francisco, plus de 20% des trajets en taxi sont assurés par des taxis autonomes. Également implanté à Phoenix et Los Angeles, ce service ne séduit pas uniquement outre-Atlantique : plusieurs centaines de véhicules autonomes sillonnent les rues des grandes villes de Chine. Depuis le 1er avril 2025, les automobilistes peuvent même circuler à Pékin à bord de véhicules autonomes de niveau 4, à condition d’en faire la demande et d’utiliser des modèles préalablement homologués (1).
En Europe - La dynamique est également à l’œuvre en Europe. Dès 2026, l’entreprise Uber lancera une expérimentation à Londres avec des taxis et des navettes autonomes sans conducteur ; un projet soutenu par le ministère britannique des Transports, selon lequel l’erreur humaine serait responsable de « 88% des collisions de la route ».

En France, plusieurs collectivités testent déjà les navettes autonomes, principalement sur des trajets courts et sécurisés. À Lyon, par exemple, une navette sans conducteur relie différents bâtiments d’un site industriel, tandis qu’à Toulouse, des véhicules autonomes desservent une zone d’activité en complément des lignes de bus. Menées avec des opérateurs comme Keolis ou RATP Dev, ces expérimentations visent à renforcer l’offre de transport local, notamment là où les solutions traditionnelles sont peu adaptées, tout en familiarisant progressivement le public à cette nouvelle forme de mobilité. Ainsi, avec son partenaire WeRide, le constructeur Renault Group a proposé en juin 2025, pour la deuxième année consécutive, son Robobus autonome lors du tournoi international de tennis de Roland Garros.
Toutefois, même si leur adoption est plus ou moins avancée aux quatre coins du monde, ces projets restent pour l’instant cantonnés au niveau 4 d’autonomie, dans des environnements maîtrisés et sous supervision. À l’échelle commerciale, ce sont surtout les véhicules de niveau 2, équipés d’aides à la conduite (Advanced driver-assistance system, « ADAS »), qui se déploient aujourd’hui, comme le maintien dans la voie, le régulateur adaptatif, le freinage d’urgence, etc. : des dispositifs qui assistent le conducteur sans s’y substituer entièrement et lui apportent des bénéfices concrets en matière de sécurité et de confort.


Des usages opérationnels et des bénéfices déjà envisageables…
Ces aides, intégrées dans les véhicules utilisés quotidiennement, peuvent être envisagées comme des passerelles technologiques vers la mobilité autonome. Elles préparent les équipes et les outils à des usages plus automatisés tout en générant des avantages immédiats en termes de TCO, d’économies de carburant et de réduction des sinistres.
À terme, l’autonomie des véhicules pourrait donc redéfinir en profondeur la gestion de flotte. Elle ouvrirait la voie à une logistique optimisée tout en améliorant la disponibilité des véhicules grâce à la maintenance prédictive et à la gestion intelligente des batteries, rendues possibles par l’analyse continue des données. En résumé : une flotte rationnalisée, mieux partagée, plus fiable et alignée sur les ambitions environnementales de l’entreprise.
… Mais des freins qui restent à lever.
Malgré les avancées technologiques, l’arrivée massive des véhicules autonomes sur nos routes à une grande échelle reste freinée par plusieurs facteurs :
Sur le plan réglementaire, le cadre juridique encadrant l’autonomie, la responsabilité en cas d’incident et les conditions de circulation sur voie ouverte reste incomplet.

Côté technologique, la fiabilité des systèmes autonomes doit encore être éprouvée dans des conditions variées : météo instable, circulation dense, imprévus routiers, etc. Ces limites posent un risque opérationnel difficilement acceptable sans garanties de continuité de service. Des réticences de la part des conducteurs existent également. La perte de contrôle associée à la conduite sans intervention humaine peut susciter méfiance et résistance.
Pour les entreprises, s’équiper de véhicules autonomes n’aura de sens que si des bénéfices clairs peuvent être démontrés : réduction des coûts, gains logistiques, sécurité renforcée ou alignement avec les objectifs RSE. Sans preuve concrète de valeur ajoutée, la transition restera limitée à des cas d’usage très ciblés.
Demain commence dès maintenant
Pour les gestionnaires de flotte, l’urgence n’est pas d’intégrer des voitures sans conducteur, mais de s’y préparer intelligemment. Cela passe par l’intégration dès aujourd’hui de véhicules équipés d’outils connectés et d’aides à la conduite avancées (les finitions « business » proposées par les constructeurs offrent de nombreux packs d’équipements conçus pour simplifier la mobilité des professionnels) ainsi que par la formation des conducteurs à leur utilisation. Ce n’est pas la pression technologique qui doit orienter la stratégie, mais l’adéquation aux usages, la capacité de pilotage et l’acceptation des collaborateurs. A terme, il s’agira de penser l’automobile non plus seulement comme un véhicule, mais comme un service mobile intelligent intégré à une offre multimodale et responsable.