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Le défi du recyclage des pneumatiques
Chaque année, un milliard de pneumatiques arrivent en fin de vie dans le monde, 200 millions en Europe et 42 millions en France. Pour parvenir à les recycler à grande échelle, il est nécessaire d’imaginer et de déployer de nouvelles technologies.
L’enjeu du pneu
Les analyses du cycle de vie des pneus montrent que c’est leur utilisation qui impacte le plus l’environnement (92,6 % pour un pneu de voiture) :
Récemment, Emissions Analytics ajoutait que le volume de particules émis par les pneumatiques est plus élevé que celui émis par les moteurs thermiques. Le poids élevé des SUV aggrave le phénomène.
L’impact environnemental du pneumatique va néanmoins au-delà de son utilisation routière.
Composé de caoutchouc, d'acier, de textiles et d’autres éléments participant à sa résistance, le pneumatique est un consommable, que l’on change plusieurs fois durant le cycle de vie d’un véhicule. Gérer sa fabrication avec des matériaux bio-sourcés et recyclés est devenu essentiel. Pour Michelin, il est même possible d’aller au bout du concept d’économie circulaire et de concevoir des pneumatiques « multi-vies ».
Des initiatives déjà efficaces
Depuis 2003, une directive européenne interdit leur mise en décharge et en France, le décret n° 2002-1563 du 24 décembre 2002 contraint les manufacturiers et les acteurs concernés à collecter et recycler leur pneus.
En fin de vie, les pneus usagés sont triés et classés en deux catégories :
- Les pneus usagés réutilisables (PUR), qui sont rechapés. Le rechapage consiste à remplacer la bande de roulement usagée pour restaurer ses capacités. Cette pratique est surtout utilisée pour les pneus de poids-lourds.
- Les pneus usagés non réutilisables (PUNR), qui peuvent être valorisés pour différents usages :
- le soutien de bâche d'ensilage en milieu agricole.
- la constitution de remblais routiers ou de constructions.
- le support de voie ferrée, pour réduire les vibrations et le bruit.
- les aires de jeux amortissantes et le gazon synthétique pour terrains de sport.
- les combustibles et matières premières pour les cimenteries et aciéries.
- les objets moulés.
Et une vision de long terme
Michelin a lancé une initiative ambitieuse qui vise le recyclage total de l'ensemble de sa production mondiale d'ici à 2050. Le constat du manufacturier est le suivant :
- Le taux mondial de récupération des pneus est de 70 %.
- Le taux mondial de recyclage des pneus est de 50 %.
- Les pneus MICHELIN sont constitués de 28 % de matériaux durables (26 % de matériaux bio-sourcés, comme le caoutchouc naturel, l'huile de tournesol et le limonène, et 2 % de matériaux recyclés, comme l’acier ou la poudre de pneus recyclés.)
Pour faire progresser ce bilan, Michelin fait appel à des entreprises innovantes, avec lesquelles elle engage des partenariats de long terme. C’est le cas d’Enviro, qui a développé une technologie permettant de modifier la composition chimique et la phase physique du matériau pneumatique au cours d’un processus de pyrolyse, tout en assurant une consommation d’énergie minimale.
Cette technologie permet d’obtenir des produits de haute qualité tels que du noir de carbone régénéré, de l’huile de pyrolyse, de l’acier ou encore du gaz, produits qui peuvent ensuite être réincorporés dans le circuit de production.
Pour visionner le processus d’Enviro
90 % de la matière est ainsi réutilisée pour refaire des pneus ou d’autres produits à base de caoutchouc, les 10 % restants servent à alimenter l'usine en énergie.
Une nouvelle étape vient d’être franchie avec la mise en route d’une première usine au Chili qui permettra de traiter 60 % des pneus du génie civil de la région, soit 30 000 tonnes de pneus par an. Et cela n’est qu’un début, avant l’installation d'autres usines dans le monde pour recycler tous les types de pneumatiques.